Le match est là:

Après les retours sur la version " podcast " qui n'a, visiblement, pas fonctionné, je profite de la prolongation du confinement pour ne pas perdre complètement le temps que j'ai passé là dessus et offrir une version écrite un peu améliorée de la simple retranscription de la version orale, pleine de faute qui plus est !


Pour le test, et le premier (et à priori aussi dernier xD) match, j'en avais choisi un qui me tenait particulièrement à cœur. Il s'agit donc du match entre Kenny Omega et Hiroshi Tanahashi de Wrestlekingom 13 qui est un de mes 5* perso, mon match préféré de 2019 et qui fait probablement parti de mon top 5 de tous les temps.


Avant toute chose, demandons-nous ce qui fait un bon match de catch ? Les enchaînements de prises spectaculaires, l’histoire racontée en amont du match, l'histoire racontée pendant le match, la fluidité de l'action, le crescendo de celle-ci, les réactions enjouées de la foule, ce pincement dans les tripes que nous ressentons alors que nous pensons connaître, nous pseudos-connaisseurs, à l'avance le gagnant du match devant le spectacle proposé ou un retournement de situation inattendue, ce frisson quand nos poils se hérissent après un superbe mouvement ou un tombé à 2,99 épique. Il y a évidemment comme devant toute performance artistique, une grosse part de subjectivité. Mais il y a aussi des qualités rationnelles, un savant mélange dont il n'existe pas de recette unique, mais qui parlent justement à notre sensibilité.




Le catch raconte des histoires, parfois simples, parfois complexes, et ce match est l'aboutissement de deux histoires. La première est celle de Kenny Omega. Il a enfin battu le 9 Juin 2018 lors d'un match épique (là aussi un de mes préférés d'ailleurs) à Dominion l'invisible Kazuchika Okada pour le titre IWGP Heavyweight de la NJPW,  aboutissement d'une autre histoire entre ces deux là dont il n'est pas question ici. A travers Kenny Omega, et The Elite, agrégée de Kota Ibushi (pour une storyline que je n'évoquerais pas ici non plus, mais qui pour le moins riche et fournie et dont je n'ai pas la prétention de connaître l'étendue ne m'intéressant pas depuis assez longtemps au catch nippon), la NJPW a lancé sa politique d’expansion internationale. Titre IWGP US, venue de Chris Jericho à Wrestlekingdom 12, tournée en Amérique, et le règne de Kenny Omega marqué par les affrontements contre ses collègues précédemment cités, autour du titre parfois, ou pas, et les dissensions internes au Bullet Club. Depuis le début de son règne, Kenny est le porte étendard de cette expansion internationale et il ne cesse de répéter avec ses amis qu'il vont changer le monde (du catch). Kenny représente donc le gaijin, même s'il est face, l'ouverture, la nouveauté, tant par sa personnalité que son style de catch.



Style qui ne plaît pas à un certain Hiroshi Tanahashi qui l'estime pour résumé " disgracieux ". En quoi ça le concerne me demanderez-vous ? Et bien revenons en arrière. L'année 2018 de Tanahashi a été pour le moins mouvementée. Longtemps handicapé par une blessure au genou, l'Ace semble accuser le poids des années. Même s'il bat Jay White, nouveau heel étranger montant, à Wrestlekingdom 12, il est la cible de Suzuki dès New Year Dash et subira les assauts de ce dernier qui l'annonce  dépassé et fini. Pourtant, après une pause liée à sa blessure, il revient, gagne la New Japan Cup, mais perd contre Okada lors du match pour le titre qui en découle. Tanahashi n'a pas fini, cependant, avec la remontée de la pente. Il fait un G1 Climax exceptionnel, battant le record de points (et Ibushi dans une magnifique finale) du format actuel à 10 hommes par groupe. Il achève ensuite ses derniers fantômes, afin de conserver le contrat qu'il a obtenu lui accordant un match pour le titre majeur à WrestleKingdom 13 en la présence de White et Okada qu'il n'avait pas battu durant le G1 non plus. L'Ace est de retour. Et son dernier obstacle est Kenny Omega. C'est lors d'interview dans les journaux spécialisés, et pour la NJPW que les deux hommes vont s'affronter et faire monter la sauce. Tanahashi n'a aucun respect pour la manière de catcher d'Omega et estime que ce dernier ne sait pas vraiment ce qu'est le style NJPW et qu'il se fait plus plaisir à lui et à ses amis qu'aux fans. Et il compte bien le lui enseigner à grand coup de tatanes (ce serait pas du catch si l'affrontement se contentait d'être philosophique n'est-ce pas?). Omega estime pour sa part que Tanahashi n'est qu'une relique du passé et déclarera ne pas rester à la NJPW s'il venait à perdre son match. (Note hors kayfabe : a quel stade en était le projet AEW à ce point là, et à quel point cela a influencé le résultat du match et la décision d'Omega, en vérité, je n'en tiendrai aucun compte pour cet exposé, purement kayfabe ).




L'histoire est simple, d'un côté, Omega est le représentant d'un nouvel avenir possible pour la NJPW, avec un style plus athlétique, plus international, tourné vers le futur et l'envie de raconter de nouvelles storylines, de l'autre Tanahashi représente les valeurs traditionnels du catch de la NJPW, dont il a été l'Ace si longtemps, qu'il estime être plus à même de faire perdurer la NJPW et la faire entrer dans une nouvelle ère en préservant son identité. Blanc-bec arrogant contre vieux maître me direz-vous ? Et bien non, car les deux lutteurs sont soutenus par la foule (tant nippone qu'étrangère d'ailleurs), et les deux se voient comme des faces... à juste titre sans doute, même si durant la conférence de presse Omega endosse clairement le rôle de heel (il a d'ailleurs ressorti son attirail de cleaner et parle anglais au lieu de japonnais ).

Je vous invite d'ailleurs à aller regarder la vidéo " Kenny's Quest " si vous voulez voir le titantron spécial de Wrestlekingdom qui explicite clairement le point de vue de Kenny sur ce match et son adversaire. Je vous mettrai le lien dans la description. Je mettrai également un lien de la conférence de presse  d'avant WrestleKingdom, entre eux pour les curieux.





Tout ceci nous amène au Main Event de Wrestlekingdom 13 entre les deux hommes, avec le titre IWGP en jeu. Dès les entrées, le ton est donné, même si l'entrée de Tanahashi ne peut pas être qualifiée de " sobre " avec les pyros déployées, disons qu'elle est plus traditionnelle, comme sa tenue, à l'inverse de celle d'Omega, qui comme sa musique d'entrée sont liées à Toby Fox créateur du jeu vidéo Undertale. Le cosplay serait une référence à Kris de Deltarune, adaptée pour coller au " one winged angel " nom du finisher de Kenny Omega. Tradition contre nouveauté, je pense que même pour quelqu'un ne suivant par la storyline, la différence entre les 2 lutteurs est marquée avant même que le match ne commence, mais peut-être suis-je un brin présomptueux. La ceinture est levée, les bucks qui accompagnaient Omega sont au bord du ring, les deux lutteurs sont prêts, le match peut commencer.



Après un premier round d'observation permettant à la foule de rugir et de prendre la mesure de l’événement, Tanahashi " casse "le premier contact établi entre les deux catcheurs, entraînant le dépit d'Omega qui le reproche à son adversaire. Omega est en théorie en tout cas, au-dessus physiquement de Tanahashi et nous avons là, d'entrée de jeu un signe montrant que Kenny estime que son adversaire ralentit le match, malgré sa volonté. Le vieux loup calme donc les ardeurs du jeune afin de mener le match à son rythme à lui. Le premier coup du match est porté à environ 1:20 et là aussi, il est significatif, alors qu'Omega semble proposer un nouvel affrontement au corps à corps en force, Tanahashi lui porte une claque, puissante, qui surprend son adversaire. Le ton est donné, Tanahashi n'aime pas Omega, et ne le respecte pas, c'est parfaitement retranscrit par la façon de ce simple coup est porté. L'agressivité monte ensuite d'un cran, lançant le match définitivement sur cette provocation de Tanahashi qui parvient à faire perdre son sang froid à Omega. Durant l'échange suivant, Omega donnera à son tour une petite claque irrespectueuse à Tanahashi montrant ainsi que si le premier n'apprécie pas le second, la réciproque est vraie. S'en suit une phase de lutte au sol après les premiers échanges, dominée par Hiroshi. Il travaille les jambes de Kenny. Durant un échange de claques viriles, autour de 4:00, on a un aperçu de ce que sera le match là aussi. Si Omega est le plus fort, à " coup égal ", Tanahashi étant le plus résilient, c'est lui qui domine, permettant au travail sur la jambe du champion de continuer.



Le match  change de phase aux environs de 4:40. Omega prend le dessus grâce à sa vitesse et attaque au sol. Au passage, j'en profite pour glisser que le match est impeccable techniquement jusque là, et le restera, et que chaque coup est porté avec une grosse intensité, ces derniers résonnant dans le Tokyo Dome avec puissance. Le champion n'hésite pas à frapper violemment, avec " disgrâce " le challenger au sol, là où ce dernier privilégiait la technique, poursuivant ainsi l'échange des mots qui avaient lieu avant le match, permettant de retranscrire via des coups la storyline. Tanahashi l'emporte donc sur la technique, et la résilience et Omega sur la brutalité, la vitesse. Le premier tombé du champion sur le challenger suite à un Backbreaker porté au centre du ring n'arrive qu'après plus de 6:00. Cette longueur avant le premier tombé nous indique à la fois que le rythme du match va aller crescendo pour peu que l'on connaisse les deux intéressés, et surtout qu'il va être plutôt long (ce dont on ne doute plus depuis quelques années déjà concernant les main event de WrestleKingdom). En outre ces phases, relativement, lentes permettent d'installer la tension, et les personnages en particulier pour ceux qui ne les connaîtrait pas, de même qu'au public de rentrer dans le match et à en assimiler le " genre ", préparant notre esprit à ce qui va suivre et nous permettant de continuer à suspendre notre incrédulité entre guillemet de " façon adaptée "  au match que nous avons sous les yeux. (Pour les éventuels néophytes qui liraient, sachez qu'à l'instar du cinéma qui peut se décliner en action, horreur etc, il existe différent type de match, axé sur la technique, sur le brawl (la bagarre pure disons), l'enchaînement de prises aériennes etc ).




Omega travaille clairement le dos de Tanahashi de son côté. La phase de domination de Kenny qui perdure assoit clairement sa domination physique tant les tentatives de résistance de Tanahashi semblent vaines. Les coups portés par Omega sont brutaux et ce dernier provoque son challenger à plusieurs reprise, accentuant son côté heel, et surtout le manque de respect qu'il éprouve pour un Tanahashi qu'il estime dépassé. A 8:10 après une sidesuplex d'Omega, Tanahashi est contraint de battre en retraite et de quitter le ring achevant d'asseoir la supériorité physique du jeune champion. Omega poursuit le travail de sape avec une nouvelle suplex qui voit le dos de Tanahashi heurter le tablier du ring, considéré comme la partie la plus dure de ce dernier. Au delà de l'image impressionnante, ce coup permet également de montrer que comme il l'a annoncé, Omega est prêt à tout pour conserver son titre et n'hésitera pas à utiliser " le décor " et profiter de chaque opportunité qui s'offre à lui, le tout en poursuivant son travail de destruction sur le dos du challenger. A 10:35 , après avoir précédemment envoyé Tanahashi par-dessus les barrières de protection, contre la table des commentateurs, Omega effectue le premier particulièrement joli mouvement à travers un Moonsault  appuyé sur la barrière de sécurité par-dessus les tables pour atteindre Hiroshi.




Le champion, toujours prêt à tout, sort ensuite une table, son inattention permettant à Tana de revenir dans le match. On a ensuite un fait très important dans l'histoire raconté dans le match. En effet, à 12:00 Hiroshi évite volontairement d'utiliser la table à son avantage, prouvant une fois encore qu'il suit son credo d'un catch plus joli, moins brutal et plus traditionnel que celui de Kenny. Le retour au ring est marqué par un nouvel échange de coups brutaux qui voit Omega avoir le dessus, mais la résilience de Tanahashi lui permet de prendre le dessus à son tour d'un contre bien senti. On a une phase qui suit ensuite le schéma : la technique de Tana permet de contrer la brutalité d'Omega.  A noté au passage la jolie swanton portée par Tanahashi. Le combat s'équilibre, chaque coup semble important et puissant. Néanmoins une nouvelle fois à 14:45 Tanahashi retourne à l'extérieur feintant d'avouer son infériorité physique, car il profite du " Terminator Rising Taunt "  pour revenir contrer Omega. Le challenger est montré ici comme le plus rusé, et il profite de l'arrogance de son adversaire. Le champion ne s'en laisse guère compter et renvoie rapidement son adversaire à l'extérieur. La phase de domination du gaijin se poursuit avec deux très beaux mouvements au passage, son suicide somersault swanton) et un missile dropkick magnifiquement porté à la jonction cou/dos de Tanahashi. Omega poursuit sa domination en enchaînant les " signatures moves " (dragon suplex signature, V Trigger), mais Hiroshi montre toute sa résilience encore une fois dans son attitude. Pour la deuxième fois au cours du match, après une tentative au tout début un brin méprisante, l'invincible (car personne ne s'en est jamais relevée) One Winged Angel, finisher de Kenny Omega, est teasée mais contrée par Tanahashi. Au cours du " you can't escape " Omega vend le premier signe de fatigue, montrant sa moindre endurance , car il est en position dominante depuis le longtemps et le travail de sape à la jambe de son adversaire.




Le challenger  en profite pour enfin revenir dans le match après déjà 19:00 qui ont passé extrêmement vite à mes yeux et d'accentuer le travail sur la jambe du champion avec un dragonscrew legbreaker porté sur Kenny encore au sommet du coin suite à la douleur qui l'a bloqué en portant son mouvement signature.  Tana poursuit travail sur les jambes notamment avec son texas cloverleaf hold . Durant cette phase, plusieurs choses à noter. Après 21:00 Tanahashi porte un Styles clash suivi du premier High Fly Flow, son finisher, qui est contré.  Et à la 22:20 Omega s'explose le genou contre le coin du ring, les deux hommes vendant bien les coups portés aux jambes pour l'un, au dos pour l'autre.






Le match change de tonalité à 23:20, car Tanahashi porte un sling blade sur le tablier ce qui ne peut pas être qualifié de " joli ". Preuve de ce changement, cette fois, poussé dans ses derniers retranchements par Omega, le challenger place son adversaire sur la table et s'apprête à porter un frog splash mais est puni de cette " trahison " envers son idéal en percutant et traversant lui-même la table à 24:20 environ. Kenny hésite à profiter de l'avantage du décompte à l'extérieur avant de se raviser. Finalement... son honneur passe avant le fait d'être réellement " prêt à tout " pour gagner. Les deux hommes ont changé d'attitude, et se respectent sans doute désormais l'un l'autre au moins en tant qu'athlètes, à défaut de respecter l'idéal défendu par chacun, puisqu' ils se sont tous deux poussés au delà de leurs limites. Désormais, ils sont contraints tout deux, s'ils veulent gagner le championnat et que leur vision du catch puisse s'imposer de compromettre leur idéal, car leur adversaire est tout simplement trop fort pour agir " banalement ". Durant la phase qui suit, Omega continue a particulièrement bien vendre sa jambe " blessée ". Je note au passage un joli Double Stomp de Kenny sur Tana dans les cordes. Le champion  poursuit son travail sur le dos  du challenger avec de violentes powerbombs. Tanahashi semble au bord de la rupture, mais à l'instar du roseau il plie, mais ne rompt pas. Omega dont les expressions faciales, comme celles de son adversaire d'ailleurs, nous permettent de comprendre facilement et parfaitement ce qu'ils ressentent, désespère de ne pas arriver à remporter le match.




Hiroshi profite de l'état d'esprit de son adversaire pour reprendre le dessus d'un sling blade en contre d'un V Trigger. Au passage, je signale que depuis le fameux changement de ton, l'ambiance déjà chaude (pour un public nippon s'entend) est clairement montée d'un cran. La tension est palpable, l'intensité est là et chaque prise peut être la dernière. Le public, à travers les réactions des lutteurs et la durée qui s'accumule l'a parfaitement senti, preuve que les deux lutteurs arrivent parfaitement à faire passer leur histoire et leurs sentiments, même si c'est probablement à niveau inconscient d'ailleurs. La majorité du public présent connaît les codes du catch et les lit instinctivement.




Après près de 30 minutes de match, c'est Tanahashi qui gagne un brawl où les deux hommes sont presque ko debout, car Omega se voit contraint de l'interrompre d'un coup de genou, pourtant, on sent toujours sa supériorité physique, mais la résilience, l'endurance de Tanahashi sont au-dessus de celles du champion. La façon dont se relève Tanahashi de la suplex que porte ensuite Omega vient encore souligner ce fait. Omega est le plus fort, mais la volonté de Tanahashi est supérieure et lui permettra peut-être de l'emporter au final.




A 30:49 Omega vole le singblade de Tanahashi, nouvel aveux d'impuissance de sa part à achever le match avec son propre arsenal. Plus qu'une moquerie cette fois, même si on peut aussi voir dans ce choix la volonté d'Omega de montrer sa supériorité en tant que catcheur sur son adversaire puisqu'il est capable d'utiliser ses propres mouvements, en plus d'aller avec sa volonté d'utiliser tout ce qu'il peut pour gagner, comme le montre d'ailleurs l'expression de son visage filmé, avec justesse, en gros plan par la production. Il enchaîne d'ailleurs avec un High Fly Flow qui a le don d'énerver son adversaire qui se relève au compte de 1, nouvelle preuve de sa volonté de fer ! Encore une fois, ce passage est extrêmement intelligent dans ce qu'il nous raconte et dans ce qu'il raconte des deux athlètes.




Plus tard, à 31:40 environ, Omega porte un V Trigger sur un Tanahashi chancelant, et une fois de plus, l'image est magnifique symboliquement (et visuellement du reste), car c'est Kenny qui pose le premier genou à terre après le coup alors qu'Hiroshi tient encore debout, même s'il chancelle. La brutalité des coups d'Omega ne paraît pas pouvoir abattre la volonté de fer de Tanahashi. Il semble évident à cet instant du match que si le champion ne parvient pas à porter son One Winged Angel dont personne ne s'est jamais relevé, il ne l'emportera pas !




Omega continue d'assaillir son adversaire avec des coups brutaux, comme le lui reprochait Tana avant la rencontre... et une fois encore, malgré l'épuisement, Tanahashi parvient à bloquer les coups qu'il estime disgracieux de son adversaire ! Le Lowdropkick (toujours ce travail sur la jambe) est d'ailleurs superbement porté. Omega parvient ensuite autour de 33:10 à prendre le dessus d'un échange de contre à l'aide d'un Inverted Hurricanrana, montrant que lui aussi techniquement n'est pas en reste et qu'il ne se laissera pas priver du titre si facilement (facilement après plus de 30 minutes le terme est sans doute mal choisi, j'en conviens). Désormais, ce sont les deux volontés des lutteurs qui s'affrontent. La violence du V Trigger qui suit est assez impressionnante ! Brr ! Après cette reprise de contrôle d'Omega, Tanahashi utilise le même contre qu'Omega, pour lui prouver que c'est bien lui le plus fort techniquement (et donc le plus " gracieux ") afin d'empêcher une fois encore Kenny de placer son One Winged Angel.




Pour poursuivre dans ce sens, il enchaîne avec une très belle Dragon Suplex ! Après plus de 34 minutes de match, Hiroshi parvient le premier à porter son finisher, mais il ne fait pas le tombé pour autant dans la foulée. Kenny résiste au deuxième finisher d'affilée, avec un compte de 2,99 sous haute tension. Cette fois c'est le champion qui fait preuve de vaillance.




Le match se poursuit sous haute tension et dans une ambiance énorme. Quelques magnifiques mouvements sont portés après plus de 35 minutes de match. Je pense notamment au V trigger dans le coin avec Hiroshi sur la troisième corde et à 37:25, la  Dragon Suplex de la troisième corde portés tout deux par Kenny. On a aussi un nouveau V Trigger super bien vendu par Tanahashi à 38:25. Enfin, le challenger parvient une nouvelle fois à contrer un nouveau One Winged Angel et enchaîne Sing Blade et High Fly Flow pour l'emporter après plus de 39:00 .




L'endurance, la résilience, la vaillance, la force de caractère de l'Ace lui ont permis de l'emporter, d'achever son retour au premier plan et de prouver que les " anciennes voies " ne sont pas morte à la NJPW malgré la volonté d'ouverture. Kenny ne changera pas le monde à la NJPW et ira tenter de le faire à l'AEW. Ainsi, après une année 2018 sous le signe des gaijins, de l'ouverture, la NJPW montre à ses fans de la première heure qu'elle ne les a pas oublié et tente par la même occasion de " convertir " les nouveaux venus liés à Kenny et The Elite à ses propres stars dont la popularité est particulièrement grande au Japon. La New Japan évolue, mais Tanahashi est là pour veiller à ce qu'elle ne se dénature pas avec son expansion. Voilà la conclusion des histoires en cours, entre les 2 athlètes et vis à vis de la fédération. D'un point de vu kayfabe s'entend.




Ce match que je vous ai raconté en grande partie finalement, alors qu'à la base ce n'était pas mon intention, et à qui j'ai mis 20/20 est-il parfait ? Bien sûr non. La perfection n'existe pas, mais cela ne m'empêche de lui mettre la note maximale. Dave Meltzer lui a mis quant à lui 5*3/4 et le match a un 9,42 sur cagematch. Quels sont les défauts alors que l'on peut trouver objectivement à ce match : le premier, certains peuvent lui reprocher une certaine lenteur, car on est clairement dans un " less is more "  et si chaque prise portée a du sens comme j'ai tenté de le montrer, si l'intensité de chaque coup est palpable, et ce de plus en plus à mesure que se passe le match, le rythme n'est clairement pas des plus vifs. Certains pourraient aussi reprocher la multiplication de l'utilisation de certaines prises, propre au style NJPW et enfin d'autres trouveront sans doute que presque 40 minutes, c'est trop long. Du point de vue de l'exécution, tout le match est particulièrement propre. Comme je l'ai déjà dit, chaque coup, chaque prise, a du sens, et la performance athlétique des deux hommes est impressionnante. L'histoire de la rivalité est bien menée de même que l'histoire interne au match. Évidemment, cette fois-ci, puisque j'ai disséqué le match pour l'analyse, je n'ai pas eu le frisson que j'ai ressenti les deux premières fois que je l'avais regardé l'année dernière. En effet, moi, le grand fan de Kenny Omega, avait aimé cette conclusion et avait vibré comme un fou sur toute la dernière moitié du match, qui entre clairement dans une autre dimension après la vingtième minute et ce fameux changement de tonalité. La fin est palpitante et la foule, de plus en plus bruyante, ne s'y est pas trompée. Suite à mon expérience de Royal Quest, je dois avouer que je n'ose pas imaginer le panard intégral qu'aurait été ce match si je l'avais vu sur place, car même en expliquant que je lui mettais 5* pendant le catch asylum podcast qui a suivi j'avais les frissons en revoyant ce match dans ma tête. Il fait indéniablement parti désormais de mon imaginaire catchesque, et si je ne le conseillerai pas nécessairement comme première approche à un néophyte, à l'instar des musiques progressives que j'écoute, je le conseillerai volontiers à chaque initié ne l'ayant pas vu et susceptible d'apprécier des matchs racontant une bonne histoire. Car le catch, ce ne sont pas que des bonhommes ou des bonnes femmes d'ailleurs, en slip qui se donnent des coups de tatane " pour de faux ", non le catch, quand c'est bien fait, c'est avant tout des athlètes qui nous racontent de belles histoire à travers un spectacle vivant dont les coups et les prises font parti des codes, à l'instar des catchphrases et des mouvements signatures qui n'ont aucun sens dans un autre contexte. Je vous remercie de m'avoir lu.

Parfait ! Je vais me lire/voir tout ça tranquillement, mon avis d'ici ce week-end

J'ai donc lu ton article en détail, et vu le match ensuite. je m'attendais à être plus dépaysé, pour quelqu'un qui n'a jamais regardé de catch Japonais. Faut croire que la WWE a tellement importé de lutteurs ces dernières années que le passage d'un univers à l'autre n'est plus aussi frappant. Aussi, on retrouve le feeling d'un grand match à Wrestlemania, un des commentateurs cite Bret Hart vs Shawn Michaels, et c'est vrai qu'il y a pas mal ce feeling-là. 40 minutes, c'est vrai que ça fait beaucoup (le récent Last Man Standing Edge/Orton approche cette durée et se l'est vu pas mal reproché, pas encore vu le match). Mais je comprends que ça ne te gêne pas : quand on aime beaucoup les lutteurs et que le match fonctionne, on ne voit pas le temps passer, d'ailleurs je ne me suis pas ennuyé non plus. C'est bien filmé, il y a l'ambiance et la tension des grands matchs, et un vrai rythme (si tu vois un match bourré d'action et que tu as un temps mort, tu peux t'emmerder, là tout le match est sur le même rythme dès le départ, c'est vrai). D'accord sur la bonne histoire de la résilience de Tanahashi, c'est vrai que Omega a l'air de s'éteindre progressivement pendant le match (il a un jeu de heel moqueur très expressif au départ, et puis juste un masque d'épuisement sur la fin).

Bref, merci pour l'article, je n'aurais pas pu apprécier autant ce match si je l'avais visionné sans aucune base.

Merci à toi pour le retour BB